La première image dont je me souviens est celle de cow-boys poursuivant des Indiens, et inversement. Il y avait toujours une scène dans laquelle, lors d’une attaque, les Indiens encerclaient les wagons. Les pauvres Indiens perdaient toujours. Quand je jouais aux cow-boys et aux Indiens, j’étais Geronimo.
Le film qui a traumatisé votre enfance ?
Si, chez le dentiste, je me montrais bon garçon, ma mère me récompensait en m’emmenant voir Frankenstein au cinéma. Il me terrifiait et hantait mes rêves… Je n’ai jamais compris pourquoi c’était une récompense. Qu’aurait-elle fait si j’avais été un bad boy ?
Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?
Ce ne sont pas mes parents qui déterminaient les films qui m’étaient interdits, mais l’Eglise catholique.
Le premier film vu seul.
A McKeesport [Pennsylvanie, ndlr], il y avait un cinéma, le Victor, qui passait de vieux films. A 13 ans, dans un long métrage français, j’ai vu un homme nu chevauchant sur la plage, au clair de lune. C’était à la fois romantique et érotique. A l’époque, je ne comprenais pas pourquoi ça l’était, maintenant si.
Vous dirigez un remake. Lequel ?
Un de mes films préférés est les nuits de Cabiria de Fellini, avec sa femme Giuletta Masina. Plutôt qu’un remake, qui me paraît impossible, ma version serait un hommage à son génie.
Le film que vous avez le plus vu.
Le merveilleux Retour à Howards End, tiré du livre de E. M. Forster et réalisé par James Ivory avec Vanessa Redgrave et Anthony Hopkins. J’aime la scène d’ouverture où Redgrave marche dans le jardin au crépuscule, comme moi lorsque je suis à la campagne.
Ce qui vous fait rire ?
Les vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati, extraordinairement drôle. Surtout la scène où il change un pneu crevé sur son vélo et se retrouve aux funérailles de quelqu’un qu’il ne connaît pas.
Votre vie devient un biopic. Qui dans votre rôle ? Et qui derrière la caméra ?
Si Anthony Hopkins n’était pas disponible, je choisirais Derek Jacobi. Son rôle dans Moi, Claude empereur est inoubliable. Derrière la caméra, il y aurait Gus Van Sant, et comme chef opérateur, Laszlo Kovacs, le génie hongrois de la lumière.
Le personnage qui vous fait le plus rêver.
Le plus souvent, le héros de mes rêves n’est autre que moi-même.
Le cinéaste absolu à vos yeux.
Les frères Coen.
Le film que vous être le seul à connaître ?
Une biographie de Munch. Le film avait une authenticité d’une grande force, c’est comme si j’étais avec lui, comme si je le connaissais et partageais ses luttes - très, très émouvant !
Une réplique que vous connaissez par cœur.
«Oh Jerry, don’t let’s ask for the moon. We have the stars.» Bette Davis à Paul Henreid dans Now, Voyager (1942).
Le cinéma disparaît à tout jamais. Une épitaphe…
A mes rêveries éteintes.
(c) Brigitte Ollier, Libération, 10 novembre 2010
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