Le suicidé

Trois grands lys Trois grands lys sur ma tombe sans croix 
Trois grands lys poudrés d'or que le vent effarouche
Arrosés seulement quand un ciel noir les douche
Majestueux et beaux comme sceptres des rois

L'un sort de ma plaie et quand un rayon le touche
Il se dresse sanglant c'est le lys des effrois
Trois grands lys Trois grands lys sur ma tombe sans croix

Trois grands lys poudrés que le vent effarouche

L'autre sort de mon cœur qui souffre sur la couche
Où le rongent les vers L'autre sort de ma bouche
Sur ma tombe écartée ils se dressent tous trois
Tout seuls tout seuls et maudits comme moi je crois
Trois grands lys Trois grands lys sur ma tombe sans croix

Guillaume Apollinaire                       

                    

Du côté de chez Macron # 02

cinefiliation # 06

Ecce homo # 08

autour de mes nuits [2019] # 02

En sortant de "A rainy day in New York City" de Woody Allen. En dépit de certains défauts, ce film n'en est pas moins son meilleur depuis des années. Timothée Chalamet y est étincelant de jeunesse et de mélancolie. Timothée, Manhattan, le Carlyle, le Met (et la sublime "Madame X" de John Singer Sargent), Irving Berlin, Erroll Garner, que demander de plus ?
Et dire qu'on a failli ne jamais le voir... Nous vivons des temps impossibles.

Clin d'oeil à Anders S

lire délivre # 16

Du côté de chez Macron # 01

Torse archaïque d'Apollon

Nous n'avions pas l'idée de sa tête inouïe

Où les yeux mûrissaient comme des pommes. - Mais

Son torse luit encore ainsi qu'un candélabre :

C'est là que son regard, seulement affaissé, 

Se tient brillant. - Le haut sinon de la poitrine

Ne pourrait t'éblouir, ni dans la douce courbe

Des lombes ne pourrait s'avance un sourire

Vers ce centre jadis porteur d'engendrement.

Cette pierre, sinon, serait, informe et courte.

Sous le joug du tomber transparent des épaules,

Et ne reluirait point comme une peau de fauve ;

Ni ne s'échapperait par toutes ses bordures

Comme une étoile fait : car il n'est aucun lieu,

Ici, qui ne te voie. Tu dois changer de vie.

Rainer Maria Rilke                                    

Pierre Le-Tan (1950-2019)

Incurable mélancolie

L'immense dessinateur Pierre Le-Tan s'est éteint aujourd'hui. Sa mémoire reste évidemment liée aux éditions de poche de Patrick Modiano et à tant de merveilleux livres illustrés. Plus que tout, en ce qui me concerne, Le-Tan est lié à Frédéric Mitterrand et à ce sublime générique de "Du côté de chez Fred" où semble se synthétiser l'essentiel de mes obsessions. La musique était d'Armando Trovajoli (il s'agit de la bande originale du film de Scola, "La famiglia").  Immense tristesse.

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