dimanche 3 février 2013

il ne faut jamais revenir sur les amours de jeunesse...

Comme tous les parisiens qui se respectent (c'est de l'humour), j'ai réussi à trouver une place (le 27 janvier 2013) pour la fameuse exposition Edward Hopper que tout le monde s'arrache... A tel point qu'en ce moment même, le Grand Palais ouvre ses portes pendant presque 3 jours sans la moindre interruption... Jour et nuit... Mon problème est que je me demande bien pourquoi... J'ai vénéré Hopper pendant des décennies... J'ai même quelque part une photo où je pose devant "Nighthawks" à Chicago en 1987... Emu de me trouver devant une des icônes du 20ème siècle... Depuis, j'ai grandi... J'ai pris des cours d'histoire de l'art qui a fait grandir mon regard... Tant et si bien qu'en 2013, ces quelques toiles exposées dans cette belle rétrospective ne m'ont au mieux inspiré qu'une cruelle déception... au pire, une totale indifférence... Je n'y ai trouvé aucune matière, aucune générosité... Tous ces aplats ont brisé quelque chose en moi... Ces images que je vénérais depuis toujours n'étaient donc rien que ça ? Du coup, c'est une phrase de "Au fil du temps" de Wim Wenders qui m'est revenu en mémoire... "L'Amérique a colonisé notre insconcient". C'est tout à fait ça... Hopper a supplanté une iconographie idéale, réproductible à l'infini, à celle (sans doute trop vulgaire) du cinéma... Grossière erreur... Le cinéma contemporain de Hopper a produit certaines des plus belles images de l'histoire du siècle... avec du grain, de la matière... Evidemment "Nighthawks" produit encore et toujours la même sensation... mais elle est comme figée... comme le résidu d'une campagne publicitaire... Cette "image" a tellement été utilisée, usée, abusée qu'elle en est réduite qu'à être ça : une couverture de livre de poche, un cliché parmi tant d'autres... Pendant ce temps, nous avons vieilli et notre regard a mûri... Nous ne pouvons plus nous confronter à Raphael, Picasso, Cézanne comme à Hopper... D'un côté, il y a une vision, un regard. De l'autre, un simple savoir faire... Pas étonnant que la toute dernière image de l'expo soit celle d'une pièce totalement vide... Elle résume à elle seule toute la carrière du bonhomme...







(...)



3 commentaires:

Bernard Alapetite a dit…

Je ne suis pas du tout d'accord avec vous Hopper est un grand peintre même s'il a fait certaines de ses toiles et surtout aquarelles, beaucoup de portraits de maisons pour faire bouillir la marmite, mais tous les peintres l'on plus ou moins fait. Ce que vous d'écrivez avec Hopper est ce que je ressens avec Dali, peintre que j'aimais encore beaucoup jeune adulte lors de sa rétrospective au Centre Pompidou en 1979 et dont aujourd'hui je me suis beaucoup éloigné lui reconnaissant néanmoins une dextérité stupéfiante.
Pour Hopper il ne faut jamais oublier que c'est un peintre américain et le replacer dans son contexte artistique (extraordinaire présence de l'illustration dans les revues américaines de l'entre deux guerres par exemple. Le public et la critique française ignorant presque complètement ce contexte cela amène à surévaluer Hopper et voir en lui plus de singularité (qu'il a néanmoins) que celle qu'il possède en réalité.

pepito a dit…

C'est drôle... L'expo Dali 2013 m'a réconcilié avec sa période avant-guerre...
Evidemment, mon problème avec Hopper n'est pas tant Hopper que l'image que l'on m'en renvoie... Personnellement, je suis très déçu. Je pensais être ému, je ne l'ai pas été. Exactement comme avec Rothko, il y a des années. L'idéal que j'avais nourri ne correspondait pas à la réalité que je perçois à 52 ans après des années d'histoire de l'art et la fréquentation assidue de tous les musées de la planète...
Pour en revenir à Hopper et l'Amérique... C'est précisément son univers américano-américain qui me dérange... C'est celui des romans de John Fante découverts dans les années 90 et qui ne m'ont jamais vraiment touché (et pour lesquels Hopper a souvent servi d'illustration chez 10x18)... Pourtant, l'illustration américaine est un univers très riche et force m'est de reconnaître que Norman Rockwell me bouleverse désormais beaucoup plus que Hopper... A quand une rétrospective Rockwell de l'ampleur (toute relative, après tout l'oeuvre de Hopper ne compte en tout et pour tout que 100 pièces) de celle du Grand Palais ? Jamais, j'en ai bien peur...
peu importe... si je fais la fine bouche, c'est évidemment devant l'invraisemblable réception de cette exposition alors que tant d'autres sont autrement plus passionnantes...
Sinon, il faut absolument que nous nous rencontrions, cher David. Nous partageons trop de choses (pas toutes) pour rester des inconnus.

Bernard Alapetite a dit…

Votre rapprochement avec Fante est intéressant mais Hopper est moins anecdotique et ce que j'aime c'est aussi le vide de ses tableaux en cela c'est l'anti Rockwell qui comme Hopper pâtit de sa trop grande célébrité en Europe pour que l'on en ait une juste perception. Je suis entièrement d'accord avec vous sur l'invraisemblable réception qu'on certaines expositions comme celle de Dali alors que d'autres passent presque inaperçu comme celle de Franquin au centre Wallonie-Bruxelles où il n'y a presque personne alors que c'est une première en France (enfin presque) et quelle est gratuite, idem pour l'exposition de la collection Michael Werner au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, un superbe sésame entre pour l'art allemand contemporain, mais je crois qu'elle est terminée ou encore l'expo Pixi au musée Maillol promenade dans le monde de l'enfance via les personnage de la B.D (et pas seulement). Je veux bien que nous nous rencontrions mais je ne me prénomme pas David...