vendredi 19 avril 2019

Comment photographier l'absence ?

Et, surtout, comment photographier en pleurant ?
J'ai parlé à mon médecin qui m'a recommandé d'y aller ne serait-ce que pour vérifier qu'elle était toujours là ; à mon pharmacien qui a passé la nuit de dimanche sur le parvis et a, donc, tout vécu en direct et est plus effrayé par les atrocités déversées sur les réseaux sociaux; et à un bouquiniste qui, comme moi, en dépit des dizaines d'années à l'ombre des tours a réalisé n'avoir que très peu de photographies de la Cathédrale. Tout simplement parce qu'elle était là, sous nos yeux, en permanence. L'immense beauté de cette fin de journée rendait la foule presque joviale. J'ai failli m'énerver après un gros barbu qui tournait le dos à Notre Dame pour se faire un selfie... mais à quoi bon ?  
Personnellement, je vais faire un don pour la reconstruction du ce que je considère comme le cœur du pays (n'oublions pas, je sais, ce n'est qu'un symbole mais que serions-nous sans symboles, que le kilomètre zéro est aux pieds de Notre Dame !) Même ma mère et ses amis noirmoutrins vont faire une donation. 
Comme l'écris si bien mon cher Arthur Dreyfus ; 
"On reconnaît un patrimoine
Au bruit qu'il fait quand il part en flammes."
Il n'est aucunement question de religion, de culte ou de croyance, ici. Nous vous y trompez pas. Il s'agit de savoir où se trouve notre place dans la société et par là-même dans le monde. Ironisez sur les millions spontanément débloquez tant que vous voudrez, vous ironiserez sans doute moins quand des imbéciles iront mettre le feu au Louvre, ce symbole de l'élitisme bourgeois. Ne vous y trompez pas. La culture est éminemment politique.






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