Angelica Liddell fait de nouveau preuve de son implacable génie sur la scène du Théâtre de la Colline (jusqu'au 9 février) dans un diptyque : "Una costilla sobre la mesa : Madre et Padre". Aux néophytes, je ne saurais jamais assez recommander "Madre" qui est un bouleversant requiem en mémoire de sa mère (qu'elle a détesté toute sa vie). Toujours la même forme (même si son style post-13 novembre; date à laquelle elle faillit se suicider tant elle était convaincue d'être responsable des horreurs qui se déroulaient dans Paris tandis qu'elle jouait sur la scène de l'Odéon ; s'est considérablement transformé: longs monologues déchirants puis collages d'images chocs, de projections d'oeuvres d'art et de musiques). Je ne recommanderais "Padre" qu'aux aficionados. Il s'agit de l'hommage à son père également décédé il y a peu. Là, elle fait appel à Deleuze, Hegel et Faulkner pour invoquer la figure du militaire fasciste avec qui elle entretint une relation assez floue. Spectacle difficile de par son sujet et par sa forme, elle ne recule devant aucun tabou. Il ne s'agit pas tant de provocation mais bien de tester les limites du représentable. La référence évidente au "Sul concetto di volto nel viso del figlio di Dio" de Castellucci, lui permet de se rapprocher d'une vision quasi-pasolinienne de la religion. A n'en pas douter, ces deux spectacles sont de très loin un des plus forts depuis longtemps. Depuis, j'ai l'impression que tout est fade et inutile (cf, "Angels in America" montés par Arnaud Desplechin à la Comédie Française m'a semblé un contresens absolu et, par la même, un échec total. Je ne vois d'ailleurs plus l'intérêt de monter ce texte après l'incandescente version de Warlikowski au Rond Point en 2007).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire