pfiou... la semaine a été riche en émotions et... en rebondissements...
lundi (mais j'y reviendrai forcément), j'ai eu l'immense bonheur de retrouver celui à qui le titre de "meilleur ami" revient de droit... à croire qu'il a été créé pour lui... mon cher Daniel D... après une séparation de près de 30 ans... il n'a pratiquement pas changé un poil... peut être la voix... moi non plus, yé né pas changé... hmmm... sérieusement, quelle joie ce fut ! un peu comme si nous nous étions quittés la veille... les souvenirs remontant à la surface comme des bulles de tendresse...
enfin...
j'y reviendrai forcément... en tout cas, Dan, JE T'EMBRASSE DE TOUT MON COEUR !!!
mais mardi soir, ce fut le festival des sens... j'avais raté pour x raisons les représentations de "La seconde surprise de l'amour" de Marivaux à Nanterre... en fait, je n'avais pas compris qu'il s'agissait de la version que je voulais absolument voir... bref... faut dire que Louis Garrel devait être de la partie et quand j'ai compris que Micha Lescot, mon chéri d'amour, avait repris son rôle il était largement trop tard... alors, miracle des tournées, la fabuleuse version de Luc Bondy est passée à deux pas de chez moi, à l'Avant Seine de Colombes...
enfin...
sincèrement, je n'y croyais plus... autant d'invention sur une scène nationale, je n'y croyais plus guère... j'en veux pour preuve que depuis le début de la saison, l'intérêt est essentiellement venu d'ailleurs... bravo, Mme Albanel !
Marivaux, tout le monde prétend le connaître et en avoir une idée précise. Quant à moi, il est un grand inconnu et chaque fois, je me trouve devant une partition saisissante et bouleversante où la légèreté n'est que le faire valoir d'une gravité que seuls certains ont su exploiter... pas étonnant que Renoir s'en soit réclamé pour sa "Règle du jeu"...
Luc Bondy signe ici sa mise en scène la plus émouvante à laquelle il m'a été donné d'assister... de la comédie de moeurs, il a pratiquement tout gommé... le ciel est gris, peu de couleurs sur scène en dehors d'un ruban rouge et du... pantalon du chevalier... le fameux marivaudage passe presque aux oubliettes au profit d'un jeu du chat et de la souris digne de Shakespeare... l'humour de l'entreprise est totalement reporté sur les délicieux serviteurs...
évidemment, le bonheur absolu vient des deux rôles principaux : Micha Lescot et Clotilde Hesme... leur jeu semble être à l'unisson... ils ne jouent pas, ils s'amusent à être le chevalier et la marquise... et nous avec... lui, semble être sorti d'un film de Buster Keaton et pourtant il apporte quelque chose qu'il est le seul à pouvoir interpréter... son corps élastique et élégant, sa voix inimitable sont pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle... Clotilde Hesme apporte la douceur et l'ambiguïté de son âpre jeunesse (qui faisait déjà merveille dans "Les chansons d'amour" aux côtés de... tiens... Louis Garrel)...
la mise en scène est pratiquement abstraite... la scénographie limitée par un cadre de néons, la scène est comme griffée par une traînée de sable digne de Miró... le promontoir où se trouvent les deux "maisons" est pratiquement le seul décor... à tel point que les que les chassés croisés des trois ou quatre ou cinq combinaisons d'amants possibles devient d'une noirceur inattendue... tant et si bien que le "allons, de la joie !" final arrive à point nommé pour alléger l'ensemble... et du coup, faire rire comme le font les clowns tristes du cirque...
je n'ai pas trop de mots pour exprimer la joie que m'a suscité ce spectacle... s'il par bonheur, il passe près de chez vous, ce serait vraiment dommage de s'en priver...
PS : quelqu'un m'a dit récemment que j'étais généralement dithyrambique sur ces pages... que ce soit clair... je ne parle que de ce que j'aime... je ne perdrai donc pas de temps à dire du mal de ce qui m'ennuie... posant pratiquement tous les soirs mon auguste postérieur dans le siège d'une salle de spectacle, vous n'avez qu'à imaginer le nombre de daubes que je dois subir tous les ans... rien que depuis janvier, j'ai eu droit à "La petite Catherine de Heilbronn" (qui, malgré des comédiens extraordinaires, n'arrive pas à sauver l'entreprise d'un mortel ennui), "Maître Puntila et son valet Matti" (qui est une aberration, je déteste ce genre de travail qui détourne carrément le sens d'une oeuvre) et une "Bérénice" (avec Lambert Wilson, Carole Bouquet, Lambert Wilson, Georges Wilson et Lambert Wilson...) épouvantable d'ennui... c'est du théâtre d'un autre âge, figé, statique, où rien ne se passe... et c'est regrettable parce qu'on n'a pas tous les jours la Bouquet sur une scène... et Racine est d'une beauté qu'on a tendance à oublier...
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