tudieu, la belle semaine... tout amateur de théâtre en rêverait... le programme idéal... presque trop même... excusez du peu :
- mardi : Patrice Chéreau lisant "Le grand inquisiteur" de Dostoievsky dans la salle des 1000 bouddhas du Théâtre du Soleil. Je l'avais déjà vu le lire à l'Odéon. Il joue de sa voix comme d'un violoncelle. Pourtant, mon plaisir a presque été gâché par le public qui semblait vouloir rire de tout et de rien, comme si "Les frères Karamazov" n'avaient aucune importance, comme si ce texte étonnant comptait finalement peu... seule comptait la célébrité et lui faire une ovation debout à la fin... il n'empêche qu'il est grand temps qu'il revienne au théâtre !
- mercredi : "Fragments" de Samuel Beckett mis en scène, en anglais, par Peter Brook aux Bouffes du Nord avec Jos Houben, Kathryn Hunter et Marcello Magni. Une heure de lumière où le théâtre vit et pulse avec joie. Autant la veille, les rires m'agaçaient, autant là, j'étais aux anges. D'autant que, comme toujours, la vielle belle salle de La Chapelle vibrait de la jeunesse du public. Les cinq textes brefs (Fragment de théâtre I, Berceuse, Acte sans paroles II, Ni l’un ni l’autre et Va et vient) fonctionnent bien ensemble et vont jusqu'à prouver que le burlesque va bien à Beckett.
- vendredi : "Douce vengeance et autres sketches" de Hanokh Levin au Studio Théâtre, mis en scène par Galin Stoev. Force m'est de reconnaître que je change petit à petit d'opinion vis à vis de la Comédie Française. Quand on voit de tels acteurs, on ne peut qu'être admiratifs. Claude Mathieu, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Adrien Gamba-Gontard et Judith Chemla sont tous admirables dans ce registre contemporain qui leur va si bien. Parler du coup de foudre du théâtre de Levin, dont le style n'est pas sans me rappeler les meilleurs textes de Ionesco, prendrait des heures et il est regrettable que ce soit presque dix ans après sa mort qu'on commence à le découvrir en France. Déjà son "Krum" m'avait fortement interpelé dans la mise en scène de Warlikowsky cet automne à l'Odéon. A suivre de très près.
- samedi : je vais pas insister, j'ai déjà longuement parlé des "Ephémères" du Théâtre du Soleil dans la mise en scène d'Ariane Mnouchkine. J'ai retenté l'expérience hier pour faire mes adieux aux personnages et voir comment ils avaient évolué en un an. Je pensais être blasé mais rien à faire, j'ai pleuré comme une madeleine tout au long de la première partie pour rire de bon coeur au cours de la seconde. J'ai remarqué quelques variations dans certains détails, dans des scènes a priori sans importance, quelques comédiens ont changé et parfois même remplacés par plusieurs... j'ai choisi une place me donnant un point de vue différent et j'ai encore eu la sensation de voir un nouveau spectacle. J'ai pris mon courage à deux mains et ai délibérément abordé Ariane pour lui souhaiter une bonne journée et lui dire deux trois banalités. Cette femme est merveilleuse de simplicité et ses yeux brillent d'intelligence. Je suis rentré très tard mais heureux. Refusant d'ouvrir mon programme pour attendre de lire la dédicace qu'Ariane y a tracé à l'issue de la représentation. Elle ne fait ça que très rarement et uniquement à la fin, par superstition dit-elle, par peur de voir la machine s'enrayer et s'arrêter...
bref, un beau programme pour une belle semaine.
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