dimanche 25 novembre 2007
pépitoscope : 24 novembre 2007
c'était hier soir ou jamais. j'avais pourtant le choix entre plusieurs finissant cette fin de semaine dont plusieurs que j'ai raté pour cause de grèves. c'est précisément derrière l'épaule d'un passager que j'ai lu l'élogieuse critique parue dans "le monde" il y a quelques jours. je n'ai donc pas hésité et regretté une seule seconde. quelque chose de rare s'est joué sur la scène du théâtre des Abbesses ce soir. un silence d'une intensité inouïe a accueilli les confidences de Vanessa van Durme. L'épopée d'une vie somme toute banale s'est alors dépliée sous nos yeux. Une femme de soixante ans nous reçoit autour de sa table à la bonne franquette, elle est en combinaison comme si elle sortait du lit... et elle nous raconte qu'elle s'est faite doubler à la caisse du supermarché par un couple avec deux charriots pleins et devant l'attitude du mari, elle se demande si elle a bien fait de choisir. Parce que finalement la seule chose d'extraordinaire de sa vie est d'avoir pu choisir d'être une femme. Pendant 95 minutes, elle nous conte avec une émotion non simulée (comme les larmes sur scène et dans la salle) et une pudeur infinie comment un petit garçon né aux forceps déguisé en pirate façon holidays on ice a mué en une femme mariée (pendant 16 ans dont... 15 de trop). à tout moment, le spectacle aurait pu basculer dans le pathétique sauf que justement, toute situation est désamorcée par un humour féroce et dévastateur pourtant le texte est cru et explicite, sans aucune fioriture : la découverte de sa double nature du petit garçon qui joue à la poupée et met le rouge à lèvres de maman et qui veut danser puis devenir acteur, l'opération, l'absence de lubrification naturelle pendant le "dépucelage", la période de prostitution qui avilie, le père qui contre toute attente la reconnait toujours comme son enfant, ce récit est tout simplement hilarant et pourtant, on aurait pu entendre une mouche voler. quand elle demande à dieu s'il a décidé de sa "date de péremption" après avoir pris sa mère dans ses bras pour la dernière fois sous la forme de la poupée, l'émotion est palpable dans la salle. quand les applaudissements jaillissent, c'est sans contrefaçon, sans fard. un lien précieux s'est noué entre l'auteure-actrice et le public parisien qui en a pourtant vu d'autres... en sortant de la salle, j'ai eu droit à un regard d'une tendresse infinie d'une femme de mon âge... pas besoin de mots pour exprimer l'émotion qu'elle a ressenti... nous nous sommes souris... dehors, les couples semblaient redécouvrir des gestes chaleureux... une grande vague de tendresse nous a tous submergés ce soir... j'ai traîné autour du théâtre une vingtaine de minutes dans l'espoir d'embrasser Vanessa mais le froid et mes foutus jambes m'en ont dissuadé...
finalement, il n'y a de plus étrange que le banal et de plus émouvant aussi.
"Regarde maman, je danse" de et avec Vanessa van Durme au théâtre des Abbesses, un des coups de foudre de l'année.
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1 commentaire:
Touchée... Il semble que le commentaire soit à la hauteur du spectacle donc.
Certains jours, je regrette vraiment d'avoir finalement choisi le sud...
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