La dépêche de l'Agence France Presse a été diffusée mercredi 25 juillet, à
17 h 11 : Ariane Mnouchkine est nommée "professeure associée à temps plein au
Collège de France, sur la chaire de création artistique". La dépêche précise que
cette nomination "par décret du président de la République (est) en date du 23
juillet 2007." Libération reprend cette information sur son site Internet,
quelques heures plus tard : "Ariane Mnouchkine nommée au Collège de France par
Nicolas Sarkozy". Du coup, la metteuse en scène, fondatrice et animatrice du
Théâtre du Soleil depuis 1964, fait paraître un communiqué où elle indique
qu'elle est : "très touchée d'avoir été proposée comme titulaire de la chaire de
création artistique pour l'année 2007-2008 par Mireille Delmas-Marty et Alain
Berthoz, professeurs au Collège de France. (Elle) croyait avoir eu l'honneur
d'être élue par l'assemblée des professeurs du Collège, le dimanche 26 novembre
2006, (mais) vient d'apprendre qu'elle n'est que "nommée" par Nicolas Sarkozy,
élu en 2007. Très déçue, elle refuse donc cette nomination".
D'Avignon, où elle se trouve, Ariane Mnouchkine explique son geste : "Je
suis furieuse que l'information ait été publiée en ces termes,. Elle fait de moi
une collaboratrice du régime de Nicolas Sarkozy. Alors que les membres du
Collège de France sont choisis par l'assemblée des professeurs." Effectivement,
le président de la République ne fait que valider ces choix. "Proposée et élue,
il y a environ huit mois, reprend Ariane Mnouchkine, j'ai été extrêmement
heureuse et honorée de cette nomination. Mais aujourd'hui, je me sens piégée,
instrumentalisée par la présidence de la République et par une partie de la
presse, et je ne l'accepte pas. Nicolas Sarkozy fait de nous des collaborateurs,
il essaye de récupérer tous ceux qui ont une certaine surface médiatique, les
artistes comme les autres : c'est inacceptable. Alors je préfère refuser ce
poste qui me faisait extrêmement plaisir, parce que je pense qu'il est
nécessaire de réagir. Vous avez vu ce qui s'est passé avec les infirmières
bulgares, où on essaye de nous faire avaler que c'est la présidence de la
République française qui les a sauvées, alors qu'on sait pertinemment qu'une
mission diplomatique européenne y travaillait depuis des années. Il faut que
Nicolas Sarkozy arrête de faire croire que c'est lui qui met l'eau dans les
robinets..."
Fabienne Darge
jeudi 26 juillet 2007
ariane, c'est toujours toi la plus forte !
bravo ariane !
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3 commentaires:
J'ai entendu cette info et je me suis réjouie de la réaction de cette grande dame. J'espère que la vérité - sur ce sujet-la au moins sera relayée par ceux des médias qui ont encore une conscience et ne se sont pas laissé acheter.
On le savait que ce serait comme ça avec ce président... et on n'en voit que le début, hélas...
Cela promet une drôle de rentrée...
le théâtre devient le dernier bastion du militantisme politique... la dernière édition d'avignon en est la preuve... vivement le retour des "éphémères" à la cartoucherie avec la création du troisième livre... et des fameux "angels in america" polonais en mai 2008... et la suite de l'année lagarce... vivement la rentrée !!!
(mais en attendant, trois semaines d'hibernation estivale !)
hasta siempre !
Il ne sera pas dit qu’elle est une «traître». La metteuse en scène de théâtre Ariane Mnouchkine ne veut pas que son élection comme titulaire de la chaire de création artistique pour la saison 2007-2008 au Collège de France soit associée à Nicolas Sarkozy. Elle a même envisagé de refuser ce poste, à la suite d’une confusion laissant penser qu’elle avait été nommée par le président de la République. Il n’y a pourtant aucune ambiguïté. «Le choix des [titulaires] est bien évidemment fait par l’assemblée des professeurs, et en aucun cas par la présidence ou les ministères», précise une porte-parole du Collège de France. Simple détail technique, cette élection est officialisée par un «décret présidentiel» et une publication au Journal Officiel, qui a eu lieu mercredi pour Ariane Mnouchkine.
A l’origine de ce quiproquo, un raccourci sur le site de Libération avant-hier. Un sous-titre la disait «nommée par Nicolas Sarkozy» au lieu de «par décret présidentiel». Certains lecteurs ont pensé, à tort, qu’Ariane Mnouchkine acceptait un poste offert par Sarkozy, tout comme Bernard Kouchner, Jack Lang ou Jacques Attali ont accepté portefeuilles et missions. Nous avons levé cette ambiguïté dès mercredi soir, et présenté nos excuses à Ariane Mnouchkine et à nos lecteurs. Dans l’intervalle, la metteuse en scène, connue pour ses prises de position contre le Président (notamment dans son blog sur liberation.fr) a donc songé à refuser ce poste et l’a fait savoir par communiqué : elle «croyait avoir eu l’honneur d’être élue par l’assemblée des professeurs du Collège, le dimanche 26 novembre 2006.» Mais comme elle «vient d’apprendre qu’ [elle] n’est que nommée par Nicolas Sarkozy, élu en 2007», elle «refuse donc cette nomination.» Hier, elle envisageait de revenir sur sa décision si «une explication claire, suffisante et abondante» était donnée aux conditions de sa nomination.
C’est fait. «Je ne vais pas faire de caprices auprès de gens que j’admire et que j’aime», nous a-t-elle dit, parlant des professeurs du Collège de France. Elle estime au passage important que les gens se rendent compte que «Nicolas Sarkozy n’est pas le despote du Turkménistan qui décide de tout tout le temps.»
(c) libé
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