vendredi 22 juin 2007

un paso aux bouffes.

"paso doble" sous les sublimes ors délabrés des bouffes du nord. josef nadj et miquel barceló. un chorégraphe et un peintre/sculpteur. deux noms incontournables des arts contemporains. a priori, que peuvent-ils nous apporter ces deux zigotos ?
mystère...
mystère de la page blanche...

sur scène, une sorte de toile blanche posée sur une terre argileuse...
soudain, un coup... puis d'autres déformant, perforant la surface de la toile... comme une coquille d'oeuf se distordant pour enfin se fendre... des doigts ici, un bâton là...

surgissent alors nos deux olibrius armés d'étranges instruments avec lesquels ils vont littéralement sculpter la scène et le décor... peu à peu des formes vont naître pour aussi vite disparaître... ils improvisent l'espace comme d'autres forgent le son...

ensuite, des poteries (non cuites) apparaissent comme des offrandes et finissent par former des masques barbares sur nos deux interprètes... puis barceló se met à sculpter le corps de nadj sous une masse de pots qui finissent régulièrement écrasés sur la toile régulièrement arrosée de peinture blanche... un bestiaire étrange et burlesque vient au monde sous nos yeux ébahis...
et tout se transforme... encore et toujours... rien ne se fige jamais... nadj entrera définitivement dans le tableau puis cette fresque rupestre du 21ème siècle finira par avaler ses deux créateurs...
étrange spectacle tout de même... on n'ignore pas que barceló est un des peintres majeurs du moment et on ne peut s'empêcher de penser que nous sommes face à la création de sa dernière oeuvre... nous sommes les témoins privilégié d'un acte unique... mais il n'est pas seul sur scène... un chorégraphe l'accompagne dans ce geste... et là, je me suis dit qu'il s'agissait peut être là de la tentative d'un danseur pour laisser une trace tangible de son travail...
(le passage où barceló façonne nadj avec et comme l'argile rouge avant de l'achever comme avec des banderilles dans le seul pot de couleur noir est très émouvant.)
et donc nous voilà face à deux immenses artistes mouillant leur chemise (pas que) pour créer une oeuvre éphémère qui ne survivra (certainement) pas à la soirée pour la joie du public... et si finalement il ne s'agissait que d'une tentative de définition de l'art contemporain ? un jaillissement jouissif et totalement jubilatoire de matière et d'énergie... une sorte de retour à l'innocence du geste de l'enfance... (les rires d'un enfant dans le public en disait long sur le plaisir qu'il devait avoir à voir deux adultes s'amuser comme lui-même ne devait sans doute plus le faire depuis un certain temps... un rire enfantin emprunt de nostalgie.)
une bien belle heure dans un bien bel endroit.

tenez, un petit photomontage du spectacle qui devrait vous donner une petite idée du résultat :

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